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Scott Scale 950 : premières impressions

☙  Posté le 07-06-2022  | ⏱ 8 minutes  | ✔ 1572 mots
✎  Christophe Masutti

Application directe de mon billet précédent sur les VTT dans les Hautes Vosges, je vous propose le court retour d’expérience d’une première prise en main d’un VTT Scott Scale 950 édition 2022.

Le choix

Ce VTT fut commandé en fin 2021 (oui, oui!). Le temps de livraison des cycles s’est trouvé excessivement allongé en général ces deux dernières années. Les raisons sont connues. La mondialisation des échanges a rendu les flux largement dépendants de quelques grands pays producteurs de matières premières. La pénurie de celles-ci associée à la désorganisation de la production en raison du Covid ont crée des effets dominos dans beaucoup de filières. Dans le secteur Mountain Bike, si votre choix est spécifique et que ne pouvez pas vous contenter de ce qui se trouve déjà en stock magasin, il faut vous armer de patience.

Or donc, j’avais commandé un Scott Scale 950. Pourquoi ce choix ? D’abord parce que je suis habitué à cette fameuse marque Suisse, mais aussi parce que, depuis 2005, la gamme Scale n’a cessé de s’améliorer et a fini par devenir une référence. Peu de marques ont cette capacité de pouvoir allier la contrainte de qualité imposée en compétition et décliner toute une gamme sur une si longue période (16 ans !). D’autres marques ont certes su mobiliser leurs capacités industrielles pour décliner des modèles très célèbres et de bonne qualité. La différence avec les vélos Scale, c’est le large choix de matériaux et d’équipements à travers toute la gamme. Au regard des attentes du cycliste, c’est là que le bât peut blesser : trop bas de gamme, le vélo perd tout son intérêt, trop haut, il devient cher et c’est vers d’autres marques qu’on doit se tourner pour un modèle équivalent et plus abordable.

Le Scott Scale 950 édition 2022 présentait pour moi plusieurs avantages :

Aujourd’hui, le Scale 950 a pour ainsi dire renoué avec la géométrie sportive de départ, tout en utilisant des matériaux de grande qualité. En comparant le 950 (cadre aluminium ultra-léger) avec le 930 et le 940 (cadre carbone), la différence de poids est respectivement de +400 grammes et de -200 grammes (!!). Si on considère un instant la rigidité et la relative fragilité du carbone (surtout du carbone entrée de gamme) par rapport à la souplesse de l’aluminium, on peut désormais se poser franchement la question de l’intérêt de vouloir absolument du carbone. Mon choix a donc porté sur l’aluminium, d’autant plus que l’équipement (transmission, freins) du 950 est excellent. Pour le prix, il y avait 100 et 200 euros de différence : la comparaison ne se résume donc pas à une question de portefeuille.

Scott Scale 950, 2022

Première impression

Le débutant VTT peut très bien acheter ce modèle d’emblée, mais il faut savoir que la première impression est celle d’une assez grande exigence. Autant l’ensemble est extrêmement maniable, même avec peu d’expérience de pilotage, autant le rendement en terme de rapport énergie / vitesse est assez exceptionnel. Les plus sportifs trouvent vraiment leur compte avec ce VTT que l’on peut pousser assez loin dans ses capacités. S’il s’agit d’un premier VTT, c’est un peu dommage de ne pas pouvoir en profiter pleinement grâce à un bon pilotage, autant acheter un Scale plus bas de gamme, ou un Aspect (pour rester chez Scott) et moins cher quitte à changer plus tard.

Pour illustrer : sur un tronçon de parcours chronométré de 10 km / 400 Md+, habituellement emprunté avec d’autres VTT (en particulier mon – désormais – ancien Scott Spark), j’ai gratté 5 minutes sur mon temps habituel (même condition climatique et de terrain). Cela tient à deux choses : la légèreté et le rendement. On peut certes y associer l’excitation de la nouveauté, mais… 5 minutes, tout de même ! Tout le rendement qu’on a en moins dans un tout suspendu (même en rigidifiant les amortisseurs) est récupéré. Et non, bien évidemment, je ne parle pas des tout-suspendus à 10.000 euros, hein ?

Et la descente ? Et bien, j’ai largement confirmé mon expérience selon laquelle, pour la plupart des sentiers des montagnes vosgiennes, équiper un bon semi-rigide de roues 29 pouces est largement suffisant. La différence s’est fait à peine sentir, y compris grâce à la souplesse de l’aluminium. Certains obstacles, peu nombreux, ne sont évidemment pas pris de la même manière qu’avec un tout-suspendu1. Autrement dit : si on veut garder la même vitesse en présence d’obstacles, le Scott Scale fait parfaitement le job à condition de savoir bien piloter. C’est là qu’un débutant aura sans doute plus de difficulté, en montée comme en descente, surtout en présence de racines ou de gros dévers.

En revanche, un petit bémol pour Scott qui équipe les roues d’emblée avec des pneus Rekon Race : très valables sur terrains secs, ils sont très peu fiables dès qu’il y a de l’humidité. Or, m’étant concocté un parcours avec des terrains très variés pour ce premier test, je sais déjà qu’à la première occasion, je changerai les pneus.

Matériel

Il n’y a pas grand chose à dire sur l’équipement de ce VTT. Comme Scott sait le faire, le blocage triple position de la fourche est un atout non négligeable car il permet d’adapter la fourche au type de terrain. Mais là rien de nouveau.

Rien d’exceptionnel non plus concernant la transmission : mono-plateau (32), cassette arrière 12 vitesses (10-51), dérailleur Shimano Deore XT… Cette transmission fait vraiment le job, à voir sur la durée. Avantage de ces composants : ils sont connus, fiables, et les changer ne coûte pas un bras. On pourra monter en gamme à l’usage mais a priori je n’en vois pas la nécessité.

Les autres équipement Syncros, célèbres chez Scott, sont tout à fait classiques aussi. Petit plus pour la selle Belcarra que j’ai trouvée vraiment confortable. Mais là aussi, il faut l’envisager sur la durée : il y a mieux en matière de selle.

Quant aux freins, je réserve une mention spéciale : ils sont vraiment bons. Pourtant il s’agit des Shimano MT501 qui sont certes typés sportifs, mais ne figurent pas en haut de podium. Je pense que tout simplement l’innovation en la matière a rendu ces systèmes de freins de plus en plus performants : qu’il s’agisse du mordant ou de la souplesse des leviers, après quelques essais, on trouve très vite le point d’accroche qui permet de doser efficacement le freinage.

Un point important : les pédales. Bien sûr elles ne sont pas fournies mais sur un tel VTT les pédales automatiques ou semi-automatiques me semblent indispensables. Pour l’heure, j’ai reporté les pédales plates de mon ancien VTT, j’attends avec impatience de pouvoir tester des semi-automatiques magnétiques (marque Magped).

Esthétique

Et pour finir, je ne peux pas m’abstenir de mentionner l’aspect esthétique général de mon nouveau bijou… couleur émeraude chatoyant à l’aspect mat, associée à un beige que l’on trouve sur la selle et le choix des pneus. L’élégance de la géométrie associée à ces choix de couleurs (un peu kitsch peut-être) donne un ensemble très « smart ».

Pour autant Scott n’a pas oublié quelques points essentiels : les bases arrières sont enfin complètement protégées, en particulier du côté transmission avec une protection caoutchouc de bonne facture. Idem à l’avant du tube diagonal, un revêtement anti-adhérence présentant le nom de la marque, est censé protéger cette partie du cadre. Là, par contre, il faut voir sur la durée : cela semble protéger contre les salissures, mais pas forcément contre les pierres, donc je crois qu’un bon coup de film polyuréthane devra s’imposer tout de même.

Conclusion

Le Scott Scale 950 est un excellent compromis entre la randonnée sportive et la recherche de performance. Dédié au Cross-country, il est dédié aux sorties rythmées. La relance en haut de côte n’est plus vraiment un problème. Le pilotage est assez nerveux, ce qui fait que je le déconseille aux débutants : on se laisse vite griser par la vitesse indépendamment du terrain (le 29 pouce fait son effet) mais gare au freinage tardif ! Le choix des pneus est donc crucial selon votre géographie et les Rekon Race fournis par défaut ne feront certainement pas l’unanimité.

Notes


  1. Ce que j’ai surtout remarqué, c’est que le tout-suspendu permet de jouer avec les obstacles, quitte à corriger des erreurs de pilotage, alors qu’en semi-rigide l’erreur se pardonne moins. Autrement dit, les sensations de pilotage sont beaucoup plus authentiques. Il y a toujours un côté snob à mentionner ce genre de choses, mais je comprends les pratiquants qui souhaitent parfois revenir à des « fondamentaux ». ↩︎