Guide pratique d'artisanat numérique à l'université'
☙ Posté le 27-12-2025
| ⏱ 3 minutes
| ✔ 465 mots
✎ Christophe Masutti
Je viens de créer un guide qui s’adresse aux étudiants et enseignants-chercheurs qui souhaitent progresser dans la maîtise d’une chaîne de production numérique, de la prise de notes à la production d’un cours, d’un article, d’un rapport, d’une thèse, ou d’un livre.
Créé avec Zensical, le successeur de MKDocs, ce guide a pour objectif de vous aider construire votre environnement de travail avec des logiciels libres.
Vous pouvez le trouver à cette adresse : libruniv-c29483.frama.io.
Voici un extrait de l’introduction
La vie de chercheur·euse ou d’étudiant·e est souvent un combat contre la machine. Au fil des années, j’ai vu combien nos dispositifs numériques — les conditions matérielles de notre travail intellectuel — peuvent devenir des poisons psychiques et physiques lorsqu’ils sont subis. Quand l’outil est mal compris, il cesse d’être une extension de la pensée pour devenir une entrave.
Chacun·e connaît ce naufrage : le traitement de texte ralenti à la centième page, la bibliographie qui foire la veille d’un rendu, l’idée géniale perdue dans le brouillard des fichiers nommés au hasard… Le problème n’est pas l’absence de compétences de base — tout le monde sait envoyer un mail ou lancer un diaporama. Le problème, c’est l’absence de fondations saines. Nous ne construisons pas notre environnement numérique selon nos besoins, mais selon des habitudes.
Évidemment, certains secteurs disciplinaires, à commencer par les sciences informatiques, seront bien plus exempts de ces difficultés puisque la condition pour intégrer un cursus est un niveau de compétences numériques élevé. En dehors, cependant, l’usage des logiciels bureautiques classiques est considéré comme un horizon indépassable. Le reste est perçu comme une aventure en territoire inconnu. On calcule alors, souvent mal, le rapport entre l’énergie nécessaire pour apprendre de nouveaux outils et celle, épuisante, dépensée à produire laborieusement des connaissances avec des logiciels inadaptés.
Ce n’est ni de la procrastination, ni de l’inadaptation : c’est un manque d’accompagnement. Les étudiant·es ignorent l’existence même d’alternatives ; les enseignant·es-chercheur·euses confirmé·es, prisonnier·es du « ça marche comme ça », s’épuisent dans des méthodes artisanales peu efficaces mais familières.
Ces situations créent des verrous numériques. Les suites propriétaires, comme Microsoft Office, nous emprisonnent dans des systèmes opaques : elles promettent la sécurité d’un cloud inconnu (et souvent malveillant) et nous dépossèdent de la maîtrise de nos fichiers. On multiplie les sauvegardes redondantes, on s’égare entre les notes manuscrites et les documents en ligne, et l’on finit par succomber aux promesses des services basés sur des grands modèles de langages (on dit aujourd’hui : « IA ») qui proposent de trier nos vracs numériques à notre place. Résultat : une perte totale de concentration et de sens.
Ce guide propose de briser ces verrous
Il ne s’agit pas seulement de « mieux cliquer », mais de reprendre le contrôle sur votre production intellectuelle par le logiciel libre.